Connaissez-vous Théroigne de Méricourt ? Musée Up' vous la présente ici !
Chers lecteurs, aujourd’hui, nous allons découvrir la vie intéressante d’Anne-Josèphe Terwagne, plus connue sous le nom de Théroigne de Méricourt. Cette femme à la fois séduisante et téméraire a réussi à se hisser au niveau de la mondanité européenne. Courtisane sanguinaire ou “amazone de la Liberté”, Anne-Josèphe a marqué l’imagination populaire par ses actions lors des premières années de la Révolution !
Dans cet article, nous répondrons aux multiples questionnements concernant cette égérie du féminisme quelque peu sanguinaire.
Mais qui est-elle ?
Née en 1762 à Maricourt et issue d’une famille de paysans aisés des Ardennes belges, Anne-Josèphe Terwagne décide de fuguer pour échapper aux sévices d’une marâtre tyrannique.
Par sa beauté, Terwagne parvient à évoluer dans la société et mène alors une aventure semi-mondaine en Europe, entretenue par de riches amants.
Cette passionnée de chant confie sa destinée à un célèbre ténor italien qui lui fait miroiter une carrière artistique pour finalement se l’accaparer. Il lui fait une enfant qui meurt en bas âge de la variole. Après cette première déception, elle décide de suivre en Italie un castrat qui s’avère également être un escroc et lui fait miroiter une carrière de musicienne en lui dérobant tout son argent.
Perturbée par ses mauvais choix et rongée par la vérole, elle finit par s’installer en 1789 à Paris pour se consacrer entièrement à la Révolution.
Elle francise son nom Terwagne pour devenir Théroigne, mais les royalistes, pour la ridiculiser et lui rappeler son modeste village d’origine étrangère, l’affublent du pompeux sobriquet de Méricourt.

Courtisane sanguinaire ?

Étant investie dans la Révolution de 1789, Suleau, le chroniqueur de la feuille royaliste les Actes des apôtres, accuse à tort Théroigne de Méricourt d’avoir participé aux émeutes sanglantes d’octobre et surtout d’avoir voulu assassiner la reine. Suite à ces calomnies, elle est obligée de fuir à Liège, où elle se fait enlever et envoyer en Autriche pour y être emprisonnée. C’est là qu’elle parvient à prouver son innocence, avant de rentrer à Paris. Dès son arrivée, elle prend part à la journée insurrectionnelle du 10 août 1792 et dénonce les mensonges de Suleau en le confrontant directement. Cependant, une image d’”hystérique catin de la République” la poursuivra.
Les frères Goncourt le prouvent dans le “portrait intime” qu’ils dressent d’elle :
« Un matin l’Histoire et le Peuple descendent dans la rue. Théroigne bondit avec une nouvelle âme. De la courtisane, il est né soudainement un héros et une furie… La foule l’emporte, la poudre la grise, le sang la soûle… Panache rouge, redingote de soie rouge, cette amazone de Rubens, cravache en main, pistolets à la ceinture… c’est la Liégeoise menant à Versailles les piques qui demandent des têtes, et les femelles qui demandent les boyaux de la reine », Frères Goncourt, Portraits Intimes, H.Champion, 2019.
Amazone de la Liberté !
Figure mal connue mais fascinante de la Révolution française, Théroigne de Méricourt incarne à elle seule la complexité des bouleversements politiques et sociaux de cette époque tumultueuse. Son parcours exceptionnel révèle une réalité bien différente de la légende souvent idéalisée.
Née en 1762, Théroigne de Méricourt se distingue rapidement par son désir d’apprendre et de s’instruire. Dès 1789, elle se consacre assidûment aux travaux de l’Assemblée constituante, suscitant l’estime de personnalités éminentes telles que Sieyès, Barnave et Pétion. Animée par un profond souci de justice, elle fonde avec le mathématicien Romme la Société des amis de la loi. Cette association a pour mission d’informer le peuple sur le travail législatif des députés, cherchant ainsi à éclairer les citoyens sur les enjeux de la révolution naissante.
Théroigne de Méricourt adopte un style vestimentaire peu conventionnel pour une femme de l’époque. Elle se plaît à se vêtir en amazone, non seulement pour afficher une apparence masculine, mais aussi pour échapper à l’humiliation d’être considérée comme une femme. Elle aspire ainsi à libérer les femmes de leur condition de subordination et de leur réputation d’êtres insignifiants, maintenus dans l’ignorance et la soumission par la domination masculine.
En février 1790, elle est chaleureusement acclamée par le district des Cordeliers. Pourtant, elle subit l’humiliation de voir son adhésion à un club exclusivement masculin rejetée.
Déterminée à jouer un rôle actif dans la mobilisation patriotique de 1792, elle ose fonder le club populaire des femmes armées, un mouvement visant à lever des légions d’amazones.

Cette initiative suscite la colère des maris du faubourg Saint-Antoine, qui voient leurs femmes quitter leurs foyers pour se rendre aux assemblées et prétendre combattre au nom de la Révolution. Théroigne de Méricourt échappe de justesse à leur vindicte.À cause de son engagement girondin, elle devient la victime d’une violente répression. Lors de la chute de la Gironde, elle prend la défense de Brissot, ce qui lui vaut d’être dénudée et publiquement flagellée devant les portes de la Convention le 13 mai 1793. Des femmes jacobines de la halle, appelées « poissardes » ou « tricoteuses », orchestrèrent cet acte infamant, mélangeant ainsi violence politique et misogynie.
La santé mentale de Théroigne de Méricourt, déjà fragilisée par sa syphilis et son angoisse d’être guillotinée, en pâtit irrémédiablement. En 1794, à la demande de son frère, elle est internée officiellement en tant que folle. Elle finit ses jours à la Salpêtrière en 1817, devenant un cas célèbre de l’histoire de la psychiatrie. Seul Baudelaire lui rendra un hommage sulfureux à travers une strophe des Fleurs du mal : « Théroigne, amante du carnage ».

Au-delà des souffrances individuelles qu’elle a endurées, Théroigne de Méricourt incarne les contradictions profondes de son époque. Révolutionnaire convaincue , elle se révèle également une féministe passionnée. Ce double engagement la conduit finalement à être ostracisée par tous. Élisabeth Roudinesco voit en elle « une femme mélancolique sous la Révolution », victime d’une folie nourrie à la fois par les névroses de sa jeunesse et par une terrible contradiction : l’effondrement psychique provoqué par la constatation que son idéal d’une Révolution des libertés a mené au régime de la Terreur.
L’histoire de Théroigne de Méricourt révèle ainsi la complexité des individus qui ont vécu cette période tumultueuse. Elle nous rappelle que derrière les grandes idées et les mouvements collectifs se trouvent des personnes dont les destins ont été marqués par des luttes intérieures et des souffrances souvent oubliées.
On espère que notre article sur la vie de Théroigne de Méricourt vous aura plu, pour en découvrir davantage sur notre beau pays et ses richesses, n’hésitez pas à regarder notre offre d’expériences culturelles !
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