La fabuleuse histoire de la “Dame de Fer”

« Une épaisse fumée de goudron et de houille prenait à la gorge, tandis qu’un bruit de ferraille rugissant sous le marteau nous assourdissait. On boulonnait encore par là ; des ouvriers, perchés sur une assise de quelques centimètres, frappaient à tour de rôle de leur massue en fer sur les boulons ; […] ces hommes noirs, grandis par la perspective du plein ciel, avaient l’air de faucher des éclairs dans les nuées. »

     (Emile Goudeau, journaliste visitant le chantier de la tour au début de l’année 1889)

 

Connaissez-vous l’histoire de la tour Eiffel ? Musée Up’ vous la présente ici !

Aujourd’hui 31 mars 2023, la tour Eiffel fête le 134ème anniversaire de son inauguration, l’occasion de revenir sur l’histoire de cette « Dame de Fer ».

10 avril 1888 par Théophile Feau
14 octobre 1888 par Théophile Feau
26 décembre 1888 par Théophile Feau
12 février 1889 par Théophile Feau
2 avril 1889 par Théophile Feau

C’est à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1889 que la tour voit le jour. Gagnante du grand concours lancé à l’occasion dont l’objectif était d’élever sur le Champ-de-Mars une tour de fer à base carrée de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur. En 1884, Emile Nouguier et Maurice Koechlin, les deux principaux ingénieurs de la tour, avaient déjà pour idée d’en concevoir une, comme un grand pylône de quatre poutres en treillis écartées à la base et se rejoignant au sommet, reliées entre elles par des poutres métalliques.

Le 8 janvier 1887, une convention est signée entre « l’Etat, la Ville de Paris et M. Eiffel pour la construction et l’exploitation de la tour de 300 mètres. » C’est en un temps recors, deux ans, deux mois et cinq jours, que la tour est achevée. Inaugurée le 31 mars 1889, en avant-première de l’Exposition, elle recevra des millions de visiteurs venus des quatre coins du globe. C’est Gustave Eiffel, principal ingénieur de la tour, qui l’inaugure en déployant au sommet un grand drapeau français. De retour au sol, il rend un hommage poignant aux 300 ouvriers qui ont participé à sa construction. La tour ouvrira au public le 15 mai 1889.

Le saviez-vous ? En 1889, la tour Eiffel était de couleur rouge, couleur propre à la peinture antirouille apposée sur l’ensemble des pièces métalliques en fer puddlé. La tour en est donc entièrement recouverte et sa couleur évoluera au fil des années.

 

Avant même d’être achevée, la tour est sujette à de virulentes critiques. Nombreux sont les artistes français et hommes de lettres qui s’opposent à sa construction. Le 14 février 1887, la Protestation des artistes est publiée et signée par quelques grands noms du monde des Lettres et des Arts : Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Leconte de Lisle, Sully ou encore Charles Garnier s’opposent ouvertement à l’élévation d’une telle tour qu’ils considèrent comme un véritable blasphème vis-à-vis de l’art et de la culture française : «  Allons-nous donc laisser profaner tout cela ? […] Enfin, lorsque les étrangers viendront visiter notre Exposition, ils s’écrieront, étonnés : « Quoi ? C’est cette horreur que les Français ont trouvée pour nous donner une idée de leur goût si fort vanté ? » Et ils auront raison de se moquer de nous, parce que le Paris des gothiques sublimes, le Paris de Jean Goujon, de Germain Pilon, de Puget, de Rude, de Barye, etc., sera devenu le Paris de Monsieur Eiffel. »  Les critiquent fusent mais s’éteindront d’elles-mêmes devant l’extraordinaire succès de la tour.

A cette époque, la tour Eiffel est le plus haute tour du monde et attire ainsi sur elle tous les regards. Le public se presse pour découvrir non seulement les vertiges de l’ascension mais aussi la vue imprenable et inédite qu’elle offre sur Paris.

Si le premier étage abrite quatre restaurants construits dans un style différent (restaurant russe avec son style moscovite, bar anglo-américain, restaurant français avec des salons de style Louis XV et restaurant flamand), au deuxième étage Le Figaro a installé une imprimerie et fabrique tous les jours sur place une édition spéciale du quotidien. Les visiteurs achètent le journal et peuvent y faire inscrire leur nom et ainsi le montrer comme « certificat de montée ».

 

 

La tour Eiffel séduit d’autant plus par son éclairage nocturne. Alors que la pénombre s’étend sur Paris, elle s’illumine de centaines de becs de gaz protégés par des globes opalins. Elle sait aussi se faire remarquer lorsque, chaque jour, au moment de l’ouverture et de la fermeture de l’Exposition, un coup de canon est tiré du sommet de la tour. Ce sont des visiteurs venus des quatre coins du monde, notamment Sarah Bernhardt, le Prince de Galles, le Shah de Perse ou encore William F. Cody, connu sous le nom de Buffalo Bill, qui se sont déplacés pour la visiter, l’admirer et l’applaudir.

Le saviez-vous ? : Prévue pour être démontée au bout de vingt ans, la tour doit sa survie à l’installation à son sommet d’une station météorologique et d’une antenne radio géante, la première à émettre sur le territoire français en 1921.

L’Exposition universelle de 1889 !

Placée sous le thème de la « Révolution française », l’Exposition universelle de 1889 a pour but d’afficher aux yeux du monde les progrès de la France républicaine. Elle s’étend sur 95 hectares et occupe le Champ-de-Mars, la colline du Trocadéro et les quais de Seine jusqu’à l’esplanade des Invalides. La tour Eiffel en occupe donc le centre visible par tous les visiteurs. 

 

Intérieur de la Galerie des Machines par Louis Rousselet

Si l’art et l’industrie sont deux secteurs principaux de l’exposition, la particularité de cette dernière est qu’elle expose pour la première fois la puissance coloniale de la France. L’Exposition de 1889 est en effet considérée comme l’une des premières expositions coloniales. L’esplanade des Invalides est dédiée aux expositions des colonies françaises et du ministère de la Guerre. L’exotisme présenté dans les différents pavillons coloniaux, un par colonie, attirait particulièrement le public.

Danseuses javanaises, photo parue dans Le Monde illustré
Dôme Central, Palais des Industries par Louis Rousselet

L’éloge de la révolution industrielle et le triomphe de l’architecture métallique se matérialisèrent évidemment au travers de la tour Eiffel mais aussi au travers de la somptueuse Galerie des Machines au sein de laquelle les visiteurs y découvraient des marteaux atmosphériques, des machines à raboter, une fabrique d’horloge Tissot, des machines à fabriquer des cigarettes…

Le palais des Beaux-Arts et des Arts libéraux ainsi que le palais des industries dont le Grand Dôme central fut, durant l’Exposition, le premier à utiliser l’électricité à grande échelle furent, eux aussi des lieux phares de l’Exposition.

 

 

On espère que notre article sur l’histoire de la tour Eiffel vous aura plu. Pour en découvrir davantage sur notre beau pays et ses richesses, n’hésitez pas à regarder nos autres articles du Blog ! ✨

Cet article est proposé par:

Hélène de Franssu

Hélène de Franssu

 

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